Alors que le vent soufflait dans les feuilles synthétiques, une silhouette se détacha à l'horizon. A perte de vue, il n'y avait que de la pelouse... trop verte pour être naturelle. Le ciel était d'un mauve éclatant, et les trois lunes commençaient à poindre profitant du déclin solaire. Il était impossible de ne pas se méfier d'un environnement aussi calme. C'est à ça que pensait la silhouette.
Désormais tout à un prix, et la tranquillité se paie le prix fort.
Sur son perron surplombant les plaines, le Baron se demanda qui pouvait bien lui rendre visite dans un endroit aussi reculé de la galaxie. L'homme, qui manifestement voyageait sans escouade, marchait d'un pas assuré.
Tant et si bien que tous deux se retrouvèrent vite face à face. Chacun avait le regard fixement encré dans celui de l'autre. On aurait dit deux plongeurs à la recherche des abimes les plus secrets. Chacun cherchait une faille, "que jamais il ne trouva" (cf : les envahisseurs). Finalement c'est l'homme mystérieux qui rompit le silence :
- J'ai eut beaucoup de mal à vous localisez. Vous possédez tellement de mines qu'il devient difficile de vous trouvez, même pour un homme tel que moi.
Il souriait, sa voix était mi admirative, mi implorante. Le Baron restait impassible, alors il poursuivit :
- Vous devez vous demandez ce qu'un inconnu peut bien vous vouloir… Autant être direct car le temps nous est compté. Plus personne ne se souvient de vous. Comme toutes les histoires trop belles, la votre s'est transformées en légende. L'homme est trop stupide, si l'histoire est un perpétuel recommencement, c'est à cause de notre amnésie collective. La collectivité refoule systématiquement ses erreurs. Si je suis là aujourd'hui c'est parce que l'union des peuples a besoin de vous…
La voix s'éloigna, bientôt le Baron devint hermétique à toutes conversations. Ce trouble fête n'était pas le premier à venir l'importuner. A chaque fois c'était la même histoire. La même société qui l'avait rejeté avait aujourd'hui besoin de lui. Le Baron n'était plus le Baronbleu dont les ancêtres parlaient, il n'était plus que le Baron.
Il était usé d'entendre toujours la même chanson : car si les couplets étaient incroyablement variés (il en avait déjà entendu toutes les variantes d'ailleurs), le refrain demeurait très monotone.
Si le Baron pouvait se permettre ce genre d'écart c'est bien grâce à sa puissance qui n'était plus à prouver. Tout le monde reconnaissait ses capacités et nul n'aurait été assez fou pour se frotter à lui.
Soudain une phrase prononcée plus forte que les autres le sortit de sa torpeur, c'est le Grand Seigneur qui a besoin de vous!
L'interlocuteur compris immédiatement qu'il avait mit dans le mille. Profitant de la seconde d'attention que lui offrait le Baron, il se présenta :
- Ractapus, premier ministre, enchanté de faire votre connaissance. Le roi a besoin de vos … Heu… disons, services.
Pour la première fois le Baron pris la parole :
- Si c'est un ordre du roi de toute façon je n'ai pas le choix… Cependant j'ai peur d'être dans l'incapacité physique de vous aider.
- Ciel! Avez-vous perdu votre fougue! Ou est passé votre jeunesse d'antant? J'espère que votre grosse bécane est encore en état de marche!
- Disons qu'il y a plus de fuite qu'avant. J'ai un peu perdu la maitrise de l'engin.
- Mais le roi a besoin de vous. Il n'y a que vous qui puissiez menez à bien la mission.
- En parlant de mission qu'elle est-elle?
Ractapus rougit jusqu'aux oreilles, il savait que la spécialité du Baron était redoutée dans tout le royaume. Tous les hommes le regardaient de travers. Il faisait partit de ces gens nés pour être incompris. Il faut tout de même avoués que la spécificité du Baron était peu commune, et sans doute était-ce la raison pour laquelle il était tellement crains.
- Vous aller devoir courtiser la reine!
Cela eut été dix ans en arrière, Baronbleu aurait sans doute sauté sur l'occasion pour prouver aux autres et à lui-même sa supériorité. Au jour d'aujourd'hui il était devenu le Baron bien trop vieux pour jouer les gigolos. Cependant il eut un flash. Un flash de l'image de la reine. Moivoilà lui en avait fait parvenir une photo par holo-card qu'il avait déniché dans sa collection de magasines fripons. Avec cette vision quasi divine c'est tout le passé de Baron qui le submergea.
Il avait servit l'empire pendant de longues années. Il était chargé de coucher avec les différentes reines afin que le roi puisse les prendre la main dans le sac (si je puis m'exprimer ainsi). Ainsi le roi demandait un divorce immédiat et conservait l'intégralité des terres de son ex reine. Baronbleu avait ainsi séduit des centaines de jeunes filles toutes aussi belles les unes que les autres. Même si cela lui avait valut une vie en marge de toute promiscuité masculine, il ne regrettait absolument rien (tu m'étonnes!).
- Honnêtement Ractapus, j'ai bien les boulons qui grincent et le casque raillé, mais la reine semble posséder un hangar de premier choix.
- Heureux que vous le preniez ainsi Baron… Rétorqua Ractapus qui comprenait que trop bien l'allusion grivoise.
- Je vous en pris appelé moi Baronbleu! Je reprends du service, on a beau faire, même le temps ne changera jamais un homme!
P.S : merci de m'épargnez toutes remarques d'analyses simplistes du type : "l'auteur aime décrire son opposé!" MDR!